ZICAZIC
Auteur au plus profond de son cœur et de son âme mais interprète malgré lui, Daniel Jumeau est un de ces poètes modernes chez qui les mots ne semblent pas avoir d’attache, un héritier absolument légitime des Prévert, Béart ou Ferré mais aussi plus proche de nous des Manset ou Thiéfaine … Accompagné d’une nuée assez hétéroclite d’instruments où l’on reconnaît les traditionnelles guitares, basses et percussions mais aussi de nombreuses programmations, un violoncelle, une trompette ou encore un bugle, l’artiste a souhaité enregistrer son nouvel album d’une manière qu’il considère lui-même comme plurielle et complexe, comme pour mieux montrer à quel point ses sentiments et ses aspirations sont diverses. On le suit sans plus attendre … S’appeler Jumeau et composer des chansons en binôme, il fallait être suffisamment joueur pour oser le faire sur tout un album ! Et c’est pourtant ainsi que Daniel s’est attaché à faire travailler sa plume, nous sortant un album où chaque tenant a son aboutissant, où chaque morceau a son double, son jumeau. Aidé dans sa démarche par celui qui est devenu pour l’occasion son alter ego artistique, Philippe Drevet, Daniel Jumeau chante « Prisonnier d’une bouteille » ou « Baie des anges » comme Nougaro vivait « Toulouse », interprète « Rolande » comme Brassens haranguait les foules avec « Fernande », scande « Drôle de drame » tel un Thiéfaine invectivant « Lilith » … Entre rock et chanson, entre jazz et techno, entre classique et folk, « Ambivalence » réussit non seulement le pari de respecter au pied de la lettre la définition de son patronyme mais aussi celui de tenir l’auditeur en haleine de bout en bout à force de bons mots et de belles rimes mais aussi de belles notes et de vibrantes mélodies. Tendre et sincère, accessible et complexe à la fois, Daniel Jumeau est un artisan des mots qui les façonne à son image, avec beaucoup de sensibilité mais aussi avec un poil d’humour … Et forcément, on aime beaucoup à l’arrivée !
LA SEMAINE DE L’ALLIER
Loin des télé-réalités il y a des chanteurs qui touchent le cœur. A première vue, le nom ne dit pas grand chose. En revanche, à la première écoute de ce guitariste chanteur hérissonnais, il restera, à coup sûr en mémoire. Jugez par l’expérience accumulée. Plus de vingt ans de carrière. Notamment la première partie de Léo Ferré au festival de Sauve en 1992. « la plus grande peur de ma vie » avoue t’il. En attendant pour le découvrir il y a un moyen : un deuxième album intitulé « ambivalence » dont les titres se retrouveront sur scène. Jumeau, ambivalence, chez cet artiste les termes vont par deux sans forcément s’opposer. Musiques et textes y font un délicieux assemblage. Tout comme les genres avec lesquels Daniel jongle au fil des morceaux. Un peu de bossa, un soupçon de funk, une larme de rock un souffle de jazz et quelques sonorités au parfum oriental saupoudrent ce deuxième album. Ou plutôt agrémentent la « galette » succulente d’ambivalence, préparée à base de pure chanson française.
ROCKENFRANCE
Hérisson dans l’Allier, commune de 722 âmes, où les ruines du château dominent la vallée de l’Aumance y vit un poète artisan amoureux, je le cite et confirme, de la chanson, Daniel Jumeau. Découvert lors d’une de mes nombreuses errances sur le net, ses chansons m’ont de suite interpellées. Celui-ci n’en est pas à son coup d’essai, premier 45 tours en 86, puis son premier album ”De plus en plus mal” en 90 écrit en collaboration avec Romain Didier est bien accueillit sur les ondes (France Culture, France Inter, RMC). Ne connaissant pas ses précédents opus, je suis donc là pour vous parler d’ ”Ambivalence” dernier album en date. A la réception de celui-ci j’étais déjà sous le charme du visuel, de sa pochette me faisant penser à une pomme d’amour automnale. L’intérieur du livret est du même acabit, les textes étant illustrés de très belles toiles signées entre autres par Gilles Popy, Philippe Wodianyk, Marie-Claude Ribeyre... Mais venons-en à l’essentiel, l’album! Auteur compositeur Daniel Jumeau nous offre un kaléidoscope de mots, de notes, d’influences... Mais le grand challenge, réussi d’ailleurs, est d’aborder le jazz de manière différente et permettre à tout un chacun d’apprécier cette musique souvent classée comme élitiste. Cela commence fort avec les harmonies orientales de ”Tolérance” très beau texte empli d’humanité. On aimera le coté jazz manouche de ”Rolande” qui s’invite chez monsieur avec quelques idées en tête... Mon petit coup de cœur au milieu de toutes ces belles chansons ”Voilà” et son mélancolique violoncelle. Tout au long de cet album plane l’ombre de Claude Nougaro, tant par la musicalité que par la voix. Disco jazzy que ce ”sans issues sans étoiles” ”Drôle de drame” duo rockabilly avec Tina Drevet. Le charme andalou tout en sensualité s’invite sur ”Nos vingt ans dans le sable” Des instants de vie parcourent cet album, une belle écriture et une réalisation impeccable signée Philippe Drevet. Très bel objet à se procurer tant pour son contenant que son contenu. ”Ambivalence”: caractère de ce qui présente deux composantes opposées, ou de ce qui a un double aspect, sans nécessairement impliquer une opposition... (P. Ritz)
CHANT'ESSONNE
C'est à 20 ans que cet ACI découvrit la chanson, baigné des textes de Laffaille et autres Thiefaine. En parallèle le théâtre et la danse le passionnent. Son premier CD est favorablement accueilli ("de plus en plus mal") qui voyait une collaboration avec Romain Didier et Mouron. Toute d'autodérision, cette sorte de désillusion fait place dorénavant à une tendresse réconfortante. La voix grave et l'interprétation à la nonchalance mesurée porte magnifiquement les textes d'une qualité d'écriture indéniable. Comme tout humain, nous sommes pluriels et complexes. L'ambivalence, n'est-ce pas se faire côtoyer des genres aussi différents que les ballades folk ("drôle de drame" , "les mots"), du jazz swing ("Rolande"), un mambo aux couleurs orientales ("nos vingt ans dans le sable"), un rock aux programmations électroniques ("sans issue, sans étoiles") et bien d'autres choses encore qu'il faut découvrir. Mélange du verbe et de la note ou l'art de marier la glace et le feu, l'homme et la femme, la tendresse et le morbide, témoin l'évocation du thème sulfureux de la prostitution enfantine ("les enfants du silence") ou de la dérive de l'alcool ("prisonnier d'une bouteille") et de la drogue ("drôle de drame") qui brisent tout et tous autour de soi. Ambivalence, encore, quand, sensible et généreux, il cultive le don de dénoncer avec pudeur et retenue ce qui arracherait colère et pitié. Il se dévoile avec tendresse et une émotion à fleur de peau, nous entraîne dans ses errances de la rambla de Barcelone aux allées de Central Park, à Nice, baie des anges, dans des bars glauques où noyer son spleen dans un gin, du pont de Constantine aux rues de Timimoun ou Sétif. Le monde n'appartient-il pas à ceux qui le rendent meilleur? D. Jumeau en est l'illustration tant tolérance et humanisme marquent son univers dans la sobriété et la simplicité. La liste est trop longue pour citer la vingtaine d'acteurs, musiciens et techniciens, citons néanmoins l'incontournable Th. Garcia aux guitares et à la composition de 3 titres, la voix ajoutée avec parcimonie mais avec punch de Tinah Drevet ("drôle de drame") et Philippe Drevet pour son énorme travail d'arrangement. Notons, enfin, le superbe livret avec des reproductions de peinture et pastels illustrant chacun des textes. Voilà un disque vraiment superbe à ne pas manquer ! (JPC)
A FLEUR DE MOTS
Ambivalence : un titre riche de sens et de promesse pour cet album concept. les doubles et les contraires se côtoient, se répondent, s'envoyant tour à tour la balle le long des musiques. L'ingénieux graphiste a su retisser ce lien : les titres se donnent la main et nous permettent, au gré de la télécommande, de faire jouer le binômes. Humour ("Rolande"), prise de parti social ("Tolérance"), amour ("les mots") sont des termes parfois antagonistes qui se retrouvent emmêlés sous la plume de Daniel Jumeau. Aux textes pluriels s'ajoute la diversité des musiques et de leurs influences : rock, jazz, techno et classique se succèdent judicieusement. Philippe Drevet, aux arrangements et à la réalisation de l'album a su faire correspondre les instruments aux émotions. Percus, trompette, guitare et violoncelle enrichissent avec talent les thèmes des chansons. Le duo Jumeau et Tinah Drevet est particulièrement savoureux dur drôle de drame. La voix de crooner de la jeune femme s'accorde merveilleusement avec celle du chanteur, donnant dès lors une belle ampleur au texte. En noir et blanc est une chanson pleine de désir et de sensualité :"mais c'est deux notes d'un piano / Ta peau contre ma peau". Les contraires s'attirent comme des aimants et se rejoignent dans l'amour pour ne plus faire qu'un et devenir "siamois". Mais il n'y a pas que des mots et des sons dans cet album : la pochette regorge de créations artistiques, affichant des talents de peintres, sculpteurs ou photographes. Ce ne sont pas que des mots que jumeau nous offre dans cet album, mais un moment de détente et de douceur. Un nom double pour une réussite sûre ! (Véronique Labeille)
THE REAL YOZINE
Daniel Jumeau reprend le flambeau là où Claude Nougaro l’a laissé. Les parties instrumentales de l’album de Daniel Jumeau proposent des ambiances sonores intéressantes, des teintes classiques parfois bleuffantes, notamment sur "voila" où le violoncelle s’en donne à cœur joie.... Au passage, je salue le courage de l’écriture et du chant "les enfants du silence". Un sujet qui gêne et qui pourtant mérite de briser le silence… Pour finalement saluer le travail de l’artiste et de son équipe, je tiens à parler d’une chanson que j’ai vraiment aimée sur l’album. "Rolande", est un peu comme si Benabar et Django Reinhart se rencontraient pour taper le bœuf et écrire une chanson. C’est frais, ça s’écoute bien un dimanche matin pendant le p’tit dej’ qui traîne. Bref, la qualité de l’ensemble de l’album (le livret du cd est également bien travaillé), et la diversité d’approches musicales proposées, méritent le détour des oreilles.